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La nuit vient vite... Au crépuscule, un compte-rendu à aller chercher, et je me figure être tranquille ensuite... Andouille, va ! Ce n'est plus assez d'être agent de liaison de la troisième section, il faut aussi que je sois aussi celui de la première, le poilu se plaignant qu'il est malade.
Eh bien, moi aussi, je serai malade ! Comme cela, je me reposerai, et, qui sait, ce sera peut-être une occasion de me faire relever.
Le lendemain matin, je ne rate pas le coup, je me fais inscrire, et, nanti du carnet de visite, je pars... Je me dirige d'abord vers le P.C. du bataillon, où l'on me dit que le poste de secours doit se trouver du coté des roulantes... Me voilà parti vers le ravin des roulantes. Il n'y a pas plus d'infirmerie que sur ma main, mais on me donne un tuyau. Il s'en trouverait une, à la cloche. On appelle ainsi un carrefour de pistes, où se trouve suspendue entre deux arbres la grosse cloche d'une église des environs, amenée là par qui ? comment ? on ne sait, et qui sert à alerter, en cas de gaz. Je me repère et j'y vais.
Il y a là, effectivement, une cagna à croix rouge, mais je suis déçu, car ce n'est qu'un poste de relais pour les blessés. Il y a tout juste quatre brancardiers qui n'ont rien à leur disposition, sinon un jeu de cartes dont ils ont l'air d'user terriblement.
J'étais déjà prêt à retourner au P.C. de la compagnie, lorsque je rencontre un infirmier du bataillon. Je lui cause, afin de me renseigner et comme il va au poste de secours, je vais avec lui.
La cagna se trouve en troisième ligne, un peu à notre droite, pas même à six cent mètres, et personne ne le savait, pas même le bureau du bataillon... S'il y avait eu des blessés, ç'aurait été rigolo !... mais pas pour eux !
Enfin, je vois le major, après avoir fait une heure et demie de marche militaire, toujours avec mon fusil... J'ai idée qu'ici on doit enterrer les morts avec leurs armes, car on est sévère à ce sujet.
Le major examine ma gorge, pour laquelle je me plains, et il me met exempt de service. Je m'en retourne à la cagna tout guilleret. Enfin, je vais pouvoir me reposer et faire la nique au cabot-fourrier à qui d'ailleurs on a du adjoindre un caporal, car il n'est pas capable de torcher un compte-rendu, ne pouvant arriver à écrire lisiblement. Je m'installe sur ma marche d'escalier dans mon coin et roupille tout le temps, sauf, naturellement, au moment de la soupe.
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