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     le 26, au matin, j'y arrive. A la gare on me dit que je dois aller jusqu'au Légué, port de Saint-Brieux, et où se trouvent les bureaux des compagnies de dépôt. J'y pars tranquillement après avoir pris un bon café.

     Au bureau de la compagnie, ça va vite. On me prend mes papiers sans même y avoir jeté un coup d'oeil. J'aurais pu rester quatre ou cinq jours de trop chez nous, qu'ils ne s'en apercevrait même pas. Je suis affecté à une escouade, avec laquelle je ne tarde pas à faire connaissance.

     Nous sommes logés dans un grand moulin. Mais nous ne devons pas y rester longtemps car des bruits de départ pour Saint-Brieuc circulent. Ils ne tardent d'ailleurs pas à se réaliser, car trois jours plus tard, toute la bande d'éclopés se met en route pour entrer en ville.

     Ah, la belle marche ! Nous mettons plus d'une heure pour faire les trois kilomètres qui nous séparent de notre nouvelle résidence. Nous allons près de la place du marché, dans un ancien patronage, rue du combat des trente.

     On demande à midi au rapport, un planton pour le palais de justice. Je me suis fait inscrire, car ça s'embête rudement de faire les corvées. J'ai été classé C3 à la visite d'entrée le jour même de mon arrivée.

     Les blessés rentrants sont classés en trois catégories : C1, C2 et C3, ceux-ci étant les plus valides et tous les huit jours, nous devons passer une visite semblable.

     Je suis accepté comme planton, et j'en suis satisfait. Je commence mon service le jour même.

     Il s'agit de se tenir sur un banc à la porte du Palais et de renseigner les visiteurs et tous ceux qui y ont à faire.

     Malheureusement le lendemain, comme je m'étais absenté à dix heures pour aller manger la soupe, l'officier en rentrant me dit que je dois toujours être présent. Ceci est impossible et je le lui fais comprendre :
     "Vous n'avez qu'à être deux, me dit-il, et en vous arrangeant bien, ça ira, il y aura toujours quelqu'un là."

     Le soir même, je fais part à l'aspirant de semaine de la communication de l'officier, et il m'est adjoint un second poilu, avec lequel je m'entends. Nous prendrons chacun vingt-quatre heures de service tous les deux jours, de onze heures à onze heures, puisque telle est l'heure de la soupe.

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