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Celui qui devra prendre mangera à dix heures quarante-cinq et viendra de suite, afin que le relevé mange le plus tôt possible.
Un avantage que je n'avais pas prévu dans ce service est le suivant : dans la journée, à part les corvées régulières, personne ne peut sortir du cantonnement, à la porte duquel se tien un caporal de service, tandis que le copain et moi, pouvons aller et venir à toute heure. Il nous suffit de dire en sortant que nous sommes de planton au Palais et que nous allons prendre notre service. D'ailleurs en deux ou trois jours, nous sommes connus et on ne nous dit plus rien.
Ceci est d'autant plus précieux qu'il fait un temps superbe et que je désire en profiter le plus possible.
Il y a un tramway à vapeur qui quitte Saint-Brieuc et va vers la mer, en suivant le rivage. Il se rend jusqu'à une petite plage : la plage des Rosaires, où il fait bon se baigner.
En peu de temps on ne voit plus que moi au bord de la mer. Je quitte mon service à onze heures, je mange en vitesse et vais prendre le tacot. En arrivant, je loue un caleçon, je vais me déshabiller dans les rochers, et ensuite je fais mon petit Neptune fendant les ondes. Au début j'éprouve du mal à nager, car je n'ai jamais été qu'en eau douce, mais l'habitude vient vite et en peu de temps, je nage aussi bien ici que dans une piscine. Quand j'en ai assez, comme il fait très bon, je cherche des moules, elles sont bien petites, mais bonnes quand même.
La nuit, je dors d'un sommeil calme et le matin, je peux faire la grasse matinée, puisque je ne reprends mon service qu'à onze heures. Etant de service, maintenant que je suis au courant, je monte jusqu'à la cour d'assises. J'ai ainsi, l'occasion d'assister au jugement de deux femmes, une de vingt-six ans et sa soeur de quatorze ans, coupables de tentative d'assassinat et complicité. Mais cette affaire est renvoyée à trois mois, faute d'un témoin important qui manquait.
Ainsi les jours passent tranquillement, lorsque le 7 juillet, un samedi, il me semble qu'il y a longtemps que je n'ai pas vu mes parents. Le cafard me travaille. Je sais que l'on peut prendre le train comme l'on veut.
Il y a un express à 19 heures 21, je saute dedans. Le lendemain je débarque chez mes parents stupéfaits. Une journée ensemble et le soir même je repars. Le lundi matin, je rentre bien fatigué, mais content quand même.
Comme on a parlé, il y a quelques jours des permissions agricoles, j'ai écrit à Madame Reillon, pour lui demander si elle voulait m'envoyer un certificat... Je l'ai reçu par retour du courrier.
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