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     Tout en mangeant, mon voisin de gauche cause :
     "Eh bien, mon vieux, qu'est-ce qu'ils ont pris les boches, cette nuit !
- Comment ça ?
- Ben oui, tu leur en as raconté... Ils avaient dû vouloir te vendre des fayots qui voulaient pas cuire... C'que tu les a engueulés... !"

     Moi, qui croyais avoir dormi d'un sommeil sans rêve... ! Nous plaisantons cinq minutes tout en ingurgitant pain et café au lait.

     Ensuite, une cigarette, et je reprends ma lecture. A neuf heures je me lève, ne ressentant plus de ma blessure qu'une ankylose de la tête et du bras. La soeur, au moment de l'arrivée du major, me défait mon pansement et me toubib m'examine.

     Il trouve que ça va très bien et passe à un autre. Soeur Blandine (tel est le nom de mon infirmière) me refait mon pansement, et d'une main moins que douce, car elle me fait rudement mal, surtout qu'avant de poser la bande, elle presse sur chacune des deux plaies, pour en extraire le pus. Heureusement il n'y en a pas beaucoup, et, me dit-elle, mes blessures sont très saines. Si elles ne l'étaient pas je pourrais crier à l'assassin...

     Maintenant que je suis levé, ça ne me dit rien de me recoucher, d'autant plus qu'il va être l'heure de la soupe.

     De plus il fait un beau temps dehors. J'ai envie de voir le jardin, et ma foi, je reste debout, et sors.

     Le jardin est dans toute sa vigueur printanière; l'air est pur. On est très bien. Je reste assis sur un banc jusqu'à l'heure de la soupe, qui ne tarde pas, d'ailleurs...

     De midi à quatre heures, on peut sortir en ville, je vais en profiter. J'ai une folle envie de voir ma veste fleurie des deux rubans auxquels j'ai droit maintenant : croix de guerre et insigne des blessés.

     Je vais visiter la ville avec l'espoir de satisfaire mon envie, lorsque, au moment d'entrer dans une boutique, je me rappelle qu'il me reste... un sou... ! Tant pis ce sera pour plus tard !

     Je vais voir les bords du canal et je rentre tranquillement. Je passai une meilleure nuit encore que précédemment, et le lendemain matin, les mêmes cérémonies que la veille se déroulent.

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