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J'avais encore à ce moment 38°5 passés de température le matin et 39 le soir.
Pour débuter, j'arrêtais, le premier jour que je mis mon idée à exécution, le thermomètre à deux ou trois dixièmes de degré plus bas que la veille, et tous les jours de même. Au bout de trois jours, je n'avais plus de fièvre d'après le thermomètre, alors qu'en réalité, j'en avais autant.
Le mardi 12 juin, le major, constatant d'après ma feuille, que je n'avais plus de fièvre, me déclara que j'allais pouvoir partir. J'allais au bureau faire établir mes feuilles, car il donnait sept jours de convalescence (ô le mois espéré, où es-tu ?).
Le chef des scribouillards de l'endroit, un sergent me dit que je devais attendre jusqu'au samedi, car ma croix de guerre était arrivée, et que, comme il y avait une prise d'armes à hôpital, on me la remettrait à cette occasion.
Je lui demandai, comme complaisance de me tenir mes feuilles prêtes pour samedi matin, le train pour Paris partant à deux heures vingt-huit, et la prise d'armes étant pour le matin.
Vendredi, changement d'ordres. La prise d'armes est reportée au 14 juillet, mais le colonel du 82e d'infanterie qui devait la présider annonce en même temps, que s'il se trouve à hôpital, des soldats devant partir en permission et ayant à recevoir la croix, il se dérangera néanmoins pour la leur remettre en sortant du conseil de réforme, où il était président tous les samedis.
Ce cas est le mien et je suis d'ailleurs le seul de cette catégorie. Ainsi donc le colon se dérangera pour moi, personnellement.
Ma matinée du samedi se passe à faire mes musettes et à découdre mon insigne de croix de guerre, afin que le colon puisse épingler la croix elle-même à l'emplacement voulu.
A dix heures la soupe...
D'être resté debout toute la matinée, et la nervosité du départ aidant, la fièvre m'a repris. Je suis dévoré par la soif, une soif intense... Onze heures, personne...
Midi, toujours rien. Je commence à m'impatienter. Une heure, je n'y tiens plus, j'ai trop soif... Je sors et vais dans le café de l'autre côté de la rue, juste en face de la porte de hôpital Je commande une boisson glacée que j'avale d'un trait et paye en vitesse...
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