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     Près de quarante-huit heures de voyage, dans des compartiments emplis à déborder de poilus de retour au front, chantant, fumant, crachant. Je commençais à en avoir assez le cinq en arrivant à Verdun.

     Il était onze heures, lorsque je me présentais à la Place, à la citadelle. On me renvoya de là à la caserne Miribel. Tous les coins de rues, obligation de sortir mes papiers. L'état de siège existait à Verdun, et d'autant plus sévère que la ville était bombardée de temps en temps.

     Je suivis mélancoliquement le Faubourg-Pavé, au bout duquel se trouve la caserne Miribel. Toutes ces maisons, closes, dont quelques-unes détruites, me donnaient le cafard.

     Enfin, j'arrivais à Miribel. La grande grille était fermée. Je dus passer par le petit portillon. Le sergent de garde m'arrêta : "Eh, là-bas ! Où allez-vous ?" Je demandais (oh, fort timidement) le bureau où je pourrais connaître mon affectation. Le sergent m'envoya au bureau de la 37e compagnie classe 17, laquelle venait, en effet, d'être incorporée trois semaines plus tôt.

     J'entrai, sitôt arrivé, au bureau de la 37, en relation avec mon futur chef, le capitaine Godefroy, un grand et brave homme, en même temps qu'un homme brave. Après avoir ma feuille de route, et décliné mes nom, prénoms et qualité et répondu à diverses questions, je fus avisé que j'étais affecté à la quatrième section du 3e groupe.

     La 37e compagnie -compagnie d'instruction- était partagée en six groupes (comprenant chacun une centaine d'hommes) divisés eux-même en quatre sections. Le premier groupe était composé des hommes les plus forts, le deuxième un peu moins forts, le troisième moyens, et ainsi de suite, de plus en plus faibles.

     Un planton me conduisit jusqu'à la chambre de ma section. Le caporal m'indiqua un lit et je suivis ensuite le planton, qui m'emmenait au magasin. En cinq minutes, je fus muni de tout le fourniment réglementaire, depuis le complet numéro un jusqu'au sac à brosses en passant par les godillots et la gamelle. Une chose qui me vexa, c'est que nous n'avions pas l'uniforme bleu-horizon; nous étions tous habillés uniformément, de la vieille tenue rouge et bleue avec le képi temps de paix.

     C'était un samedi après-midi. La chambrée, de même que ses voisines, était toute affairée, car, de même que tous les samedis, il y avait revue. J'étais perdu dans ce fouillis comme un pauvre malheureux et j'y serais resté si mon voisin de lit n'était venu à mon secours. C'était un ancien (à mes yeux, puisqu'il avait vingt jours de service) il eut vite fait de me tirer d'affaire. En un rien de temps, il m'eut fait mon paquetage et plié mes couvertures.

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