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     Puis, nous roulons...

     Il fait un temps superbe et nous avalons de la poussière par kilos. De plus nous avons la figure et les vêtements blancs ! Encore heureux que le matin, nous ayons touché un demi-litre de picrate qui nous aide puissamment à supporter le goût sec et mauvais de cette satanée poussière.

     Nous traversons notamment Dieue et Sommedieue, quelque peu esquintés par les bombes d'avions. Puis nous arrivons à Génicourt, dans la Meuse, vers treize heures.

     Là, pas de place pour nous loger. Nous devons faire deux kilomètres pour monter dans un bois, coucher dans des baraquements au-dessus de Rupt-en-Woëvre.

     Nous nous mettons à faire notre soupe nous-mêmes avec les aliments que nous avons portés dans nos musettes et nos sacs, chacun sa petite part; la roulante n'étant pas près d'arriver, car elle vient au pas de ses deux vieux carcans : Caporal et Bichette (Bissette, comme dit Bonnefoy, le conducteur un gars du midi).

     Il n'y a pas de paillasse dans les baraques et nous devons coucher sur des treillages en fil de fer qui constituent les bas-flancs.

     Le lendemain, après le jus, huit heures, on m'annonce que je pars avec le sergent Rémy, chef de demi-section à la troisième, pour reconnaître le secteur que nous devons occuper.

     En-agent de liaison à la 21, voila mon travail à la première qui commence. Pendant que les copains vont se reposer toute la journée tranquillement, je vais baguenauder toute la journée, moi, à droite et à gauche. Je vois ça d'ici. J'aurai autant de repos qu'à la 21, c'est-à-dire pas beaucoup.

     A neuf heures trente le rassemblement s'opère pour tout le bataillon, à raison d'un agent de liaison et d'un sergent par section sous la haute autorité (ô combien !) du capitaine Lambert, faisant fonction de chef de bataillon.

     Ce monsieur qui est à cheval, semble ignorer que nous sommes à pied, et comme nous nous trouvons en plein dans les forêts de l'Argonne, devant le secteur des Eparges, nous faisons pas mal de kilomètres à filer comme des cerfs, derrière son bourrin. Je tire la langue et je sue comme pas un...

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