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     Enfin, nous arrivons, ou du moins nous ne sommes pas loin du but. Voici déjà les petites cagnas des réserves. Le piston (pauvre homme !) est obligé d'abandonner son cheval, et il nous distribue entre les mains d'agents de liaison du 41e que nous devons remplacer à partir de ce soir.

     Pour la première compagnie, c'est un sous-lieutenant qui nous dirige. Il nous fait admirer le confort (moderne !) des sapes et des abris, le bon dispositif des tranchées avec leurs postes d'alerte, des boyaux, nous fait faire connaissance avec les dépôts d'outils et de grenades, sans oublier (naturellement !) les feuillées, et, enfin nous communique ses observations au point de vue des coins dangereux...

     Tout en circulant dans la tranchée de première ligne, tranchée Crausse, je remarque que le parapet sert de tombe à pas mal de poilus. Une petite pancarte rectangulaire, en tôle légère, avec trois pendrilles tricolores et gravés au couteau, ces mots : "Ici, repose un soldat français inconnu !"

Une tranchée embourbée


     A un endroit même un pied dépasse encore. Cela pourrait servir de porte-manteau, car le bonhomme est couché sur le dos et la pointe du pied est tournée vers le ciel.

     Cela m'émeut un peu, mais il y en a tellement que je n'y fais bientôt plus attention.

     L'officier du 41 nous explique qu'il faudra prévenir les hommes de ne pas gueuler trop fort et de mettre une sourdine quand ils voudront parler de la paix... future ou de leur permission, car les boches sont à quarante-cinq mètres et dame, s'ils entendent quelque chose, malgré qu'ils sachent que nous sommes là et que ce ne serait pas une raison pour eux, de tirer, ils nous enverraient encore bien des grenades, sans se gêner.

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