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QUATRIEME PARTIE
Chapitre premier.
La somme.
Pendant quatre jours, le régiment étale son ruban d'hommes sur la route. Nous passons nos nuits successivement à Rozières-sur-Haye, Grandmesnil, Mesnil-la-Horgne et Trouville-en-Barrois.
Dans ce dernier pays nous obtenons une journée de repos. Repos, c'est beaucoup dire, car nous faisons un exercice d'attaque, à l'issue duquel le commandant Lantuéjoul nous fait un speech patriotique : "Les boches viennent d'attaquer au nord, nous allons probablement marcher d'ici peu. Mais en attendant ne vous en faites pas ! On les aura ! Vive la France et mort aux boches !"
Ce cri résonne longtemps dans notre tête car il est l'indice d'un espoir foi, irréalisable nous semble-t-il, puisque, d'après les journaux, les boches marchent comme ils veulent.
Enfin, le lendemain matin, nous remettons ça. Nous poursuivons notre route à raison de vingt-cinq à trente kilomètres par jour... Nous nous reposons tour à tour à Beuray (un pays où le 155 a cantonné en juillet 1917) où nous passons deux jours de repos, puis à Saint-Eulien... En arrivant dans ce dernier pays nous nous dirigeons vers la gare... Nous embarquons en wagons à bestiaux et en route vers cinq heures...
Nous roulons toute la nuit et à six heures le lendemain matin, nous débarquons à Verberie, derrière Compiègne. De là, en suivant la grand'route Paris-Compiègne, nous gagnons la Croix-Saint-Ouen, où nous devons passer la nuit.
Le lendemain à midi, nous faisons treize kilomètres pour gagner Rémy... Nous passons la nuit tranquille, et, au jour rassemblement en tenue d'exercice... Quelques camions sont là. Nous y montons et partons faire un exercice d'attaque avec les tanks.

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